La générosité est définie comme étant la qualité de quelqu’un, de son action, qui se montre bienveillant, clément, indulgent ; magnanimité, grandeur d’âme. Maintenant une question :
la générosité est-elle réservée à certaines personnes seulement ou la générosité peut être exprimée par chacun d’entre nous ?
C’était un mercredi 15 décembre 2021 lorsque Daniel Dehee effectue son don de sang à la maison du don d’Arras ! 47 ans après son premier don, Daniel a passé la barre symbolique des 500 dons. Ce donneur émérite est un magnifique exemple de générosité et de fidélité. À l’occasion de son passage à la maison du don d’Arras, les équipes de l’Établissement Français du Sang ont célébré cet événement et ont échangé avec ce donneur sur son histoire et sa relation avec le don de sang.
Daniel Dehee est né le 27 septembre 1951 à Duisans dans le Pas-de-Calais et habite désormais à Frévin-Capelle. Après avoir travaillé dans la menuiserie avec son père, il intègre une entreprise de PVC en 1982 jusqu’à sa retraite en 2008. Il prend conscience très jeune de l’importance du don de sang et commence à donner en 1974. Tout au long de ces décennies il donne son sang, son plasma et aussi ses plaquettes. Quand on lui demande ce que représente pour lui le don de sang, Daniel est fier d’évoquer son statut de donneur universel (il est O négatif). Il sait donc pouvoir sauver un grand nombre de personnes. Ravi d’avoir pu participer toutes ces années à cette noble cause, il continuera à donner son sang jusqu’à la veille de ses 71 ans, comme la loi le lui permet. Daniel a prévu de donner 4 fois en 2022. En plus d’être un donneur émérite, Daniel est également un ambassadeur auprès des futurs donneurs : « Comment convaincre quelqu’un qui n’ose pas franchir le pas ? C’est simple, c’est un geste citoyen, solidaire, une bonne action qui peut sauver de nombreuses vies. Il ne faut donc pas hésiter ! »
Cet exemple m’interpelle et me fait réfléchir sur la générosité en général, sur le don de soi :
1_ La générosité ne dépend pas des moyens dont nous disposons, de la santé, de nos richesses. D’ailleurs, ce n’est pas parce que nous sommes riches, que nous offrons aux autres. Mais nous partageons parce que le coeur nous y invite. Peu importe nos moyens. Donc on le fait ! C’est plutôt une attitude d’esprit et non pas une question de richesse. Bien sûr, le montant, le volume mesurable de notre action compte beaucoup, surtout pour être efficace, faire « bouger les lignes » comme on dit mais la quantité n’est pas le seul paramètre. D’autres aspects sont à prendre en compte.
2_ La générosité n’est pas l’expression de ce que nous avons mais de ce que nous sommes. « Un jour, Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor (Marc 12, 35-44). Il regardait comment la foule mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : ‘Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre ».
Jésus parlait de cette femme pauvre qui a tout donné, non pas parce qu’il souhaitait faire l’apologie de la médiocrité ou donner l’impression que puisqu’on le fait, ça devrait suffire…
Jésus a voulu mettre en avant cette femme qui avait tout donné, même si ce n’était pas grande chose, c’était tout ! Dans d’autres situations (Marie qui va oindre les pieds de Jésus avant sa
mort), Jésus fait l’éloge de l’investissement total de la personne qui se donne, au prix d’être mal comprise voire éventuellement jugée, rejetée. Ce qui compte ce n’est pas ce qu’elle donne mais c’était sa propre personne qui s’offrait.
3_ La générosité n’est pas un acte de condescendance vis-à-vis de l’autre. C’est le reflet du soi à travers les circonstances rencontrées. Jamais quelqu’un qui fait un acte de générosité authentique et spontané ne réclamera cela comme étant quelque chose d’extraordinaire, alors que lui, il a fait quelque chose de naturel, presque banal (en tout cas pour lui, le plus souvent d’une manière anonyme). Dans une autre de ses paraboles, Jésus met en avant ce principe, celui de la « normalité », celui de l’action qui devait être menée comme telle. Il s’agit de la parabole des ouvriers qui rentrent du travail avec leur maître (Luc 17). Alors que leur maître se repose, les ouvriers continuent de travailler, de préparer le repas. Et quand ils sont appréciés pour ce travail supplémentaire, ils répondent : nous sommes des « ouvriers indignes ». Autrement dit : nous avons fait ce qu’il fallait faire, c’est normal. La générosité, comme le service, ce n’est pas un mérite, c’est un état d’esprit.
4_ La générosité… On pense que c’est au bénéfice de l’autre. En réalité, quelque part, c’est pour soi-même. Quel bonheur de pouvoir partager ! Jésus, dans une parole qui a été retenue oralement (Ac 20,35) disait : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ».
Soyons donc dans le bonheur, partageons, exprimons amplement la générosité !
Gabriel Goléa - mardi 26 avril 2022