
« Stupide » contre « lâche » : le ton monte aux Etats-Unis entre Donald Trump et Joe Biden tel est le titre d’un article atterrant sorti sur le site lemonde.fr et les extraits du discours du président américain ne le sont pas moins.
Je cite : Biden veut livrer notre pays au virus, il veut livrer nos familles aux violents d’extrême gauche, et il veut livrer nos emplois à la Chine », a-t-il encore accusé lundi. Le démocrate dénonce sans détour les violences et les pillages, tout en martelant que le pays doit en finir avec le « racisme sous-jacent » qui ronge les Etats-Unis.
En faisant miroiter l’arrivée d’un vaccin contre le nouveau coronavirus et un rebond « fantastique » de l’économie juste avant l’élection, le président des Etats-Unis a aussi mis en garde contre Joe Biden et « les démocrates radicaux », qui feraient « immédiatement s’effondrer l’économie ». « La Chine profite des gens stupides, et Biden est quelqu’un de stupide », a-t-il lancé. » fin de citation.
Stupéfiante époque où même la fine couche de vernis de respectabilité dont certains hommes politiques avaient besoin pour être crédibles est devenue dispensable. Voire même contreproductive pour gagner une élection.
Logique retour de balancier d’une époque où les éléments de langages étaient soigneusement calibrés et repris par toute l’intelligentsia d’un parti. Où les conseillers en communication, les spins doctors (faiseurs d’opinion) fabriquaient des discours dans lesquels la sincérité et l’authenticité étaient minutieusement calibrés. Où le naturel était millimétré pour faire vrai.
En un mot et comme l’a si bien dit Laurent Wauquiez : du Bullshit à servir sur les plateaux télé, mais qui finissent par créer une profonde désaffection pour la chose politique jugée artificielle, insincère, remplie d’arrière pensées.
Cette politique la a aussi créé une appétence pour les attitudes non filtrées, brutes, voire brutales sur laquelle surfent certains opportunistes qui disent tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Et alors qu’on a été habitué à voir le petit peuple se conformer aux standards de l’élite, on voit qu’une certaine élite se conforme aux standards du peuple. Et pas forcément de la partie la plus éduquée du peuple.
Langage ordurier, insultes homophobes ou racistes, sexistes, adhésion à des théories du complot, mensonges décomplexés, contradictions et retournage de veste permanents, attisement des divisions pour mieux régner. L’opportunisme est le même, mais on nivèle clairement par le bas.
Je me souviens de débats où les hommes et les femmes politiques devaient sortir des chiffres, étayer des propos par des faits, des analyses précises, et où l’on ergotait sur une virgule, un point.
Maintenant il suffit pour certains d’arriver et de raconter n’importe quoi avec conviction puis d’accuser la presse de chasse aux sorcières pour avoir l’adhésion de ceux qui se reconnaissent en vous. Alors à quoi bon se casser la tête ?
Bien sur, réduire l’ensemble de la classe politique à ce type de comportement serait non seulement erroné mais malhonnête et irrespectueux.
Or, j’ai le plus grand respect pour la chose et l’action politique, qui change véritablement.
Pour autant cette montée en puissance d’une démagogie décomplexée, truffée de fake news, de théories du complot, et de grossièreté ma ramène ce texte de proverbes 1: 16-20 La sagesse crie dans les rues, Elle élève sa voix dans les places: Elle crie à l'entrée des lieux bruyants; Aux portes, dans la ville, elle fait entendre ses paroles: Jusqu'à quand, stupides, aimerez-vous la stupidité? Jusqu'à quand les moqueurs se plairont-ils à la moquerie, Et les insensés haïront-ils la science? Tournez-vous pour écouter mes réprimandes !
Au delà de l’élection, et même de la moralité, ce type de comportements a de vraies répercussions sur les populations qui ont de tels dirigeants. Agression homophobes en hausse
au Brésil, société américaine de plus en plus clivée, langage raciste de plus en plus libre dans nos pays…
Plus que jamais, les paroles de Jésus me semblent vitales pour ne pas rentrer dans une surenchère mortifère : ne rendez pas le mal pour le mal, mais rendez le bien pour le mal, priez pour ceux qui vous haïssent.
Souhaitons que la vie politique de nos pays profite de cette époque pour repartir sur des bases saines : en évinçant la fausseté que l’on recouvre d’une pellicule de bien-pensance, la grossièreté et l’agressivité, et en surtout respectant chacun, à commencer par ses adversaires politiques.