Quelle semaine terrible. En quelques heures, en quelques jours, notre avenir proche se trouve complètement chamboulé. Nos certitudes volent en éclats et des peurs de ce que nous considérions comme d’un autre âge refont surface.
Dans ce cyclone, un élément particulier m’a marqué : rien n’est finalement ce qu’il semblait être.
A première vue, la petite armée Ukrainienne, 22e armée mondiale, n’avait aucune chance de résister plus de deux jours face à la géante Russie, plus nombreuse, mieux équipée, 2e armée mondiale. Et pourtant, il y avait bien plus à voir dans cette armée ukrainienne que ce qui frappait les yeux. On peut compter les chars, les missiles, les fusils, mais qui peut compter le courage, l’abnégation, le patriotisme, la résilience ?
Ces dernières années, si certains se méfiaient de Vladimir Poutine, jugé froid, calculateur, sans pitié, certains le décrivaient tout de même comme « l’homme de la situation », « un leader qui ose prendre des décisions », « un patriote ». Dans tous les cas, il était décrit comme un stratège froid, qui prévoit toujours tout et suit une logique implacable. Il s’est révélé un dictateur sanguinaire, révisionniste, qui cristallise en lui tout ce que l’Europe veut réfuter. Quelle terrible chute. Comme nos certitudes peuvent nous tromper.
Et au contraire le président Ukrainien, Volodymyr Zelensky était pour beaucoup d’entre nous un parfait inconnu au nom difficilement prononçable. Et pour ceux un peu plus informés, un acteur devenu président, un homme sûrement pas à la hauteur en cas de problème. Il s’est en fait révélé d’un immense courage, d’un sang-froid admirable et être un meneur d’homme qui a su insuffler à ses concitoyens la force de lutter sans faiblir face à une menace inattendue et dévastatrice. A quel point il y avait plus à voir en cet homme que la surface. A quel point ces circonstances terribles et exceptionnelles l’ont révélé dans tout ce qu’il avait le potentiel d’être.
Regarder au-delà de ce qui frappe les yeux, parce que nos connaissances sont si partielles, si partiales. Parce que nous effleurons la surface sans voir ce qui fait le cœur, l’essence des hommes et des femmes. Et surtout sans voir et sans savoir, parfois même pour nous même, ce dont nous serions capables face à l’adversité.
Dans les histoires de la Bible, je suis impressionnée de voir la même chose être représentée à plusieurs reprises. Ce sont des gens inattendus, qui n’ont pas le profil type qui font les grandes actions, celles qui auront du sens, un impact :
Le roi d’Israël, David, l’un des plus connus. Grand guerrier, unificateur est choisi par Dieu comme roi alors qu’il n’est qu’un petit jeune homme, aimant la musique et s’occupant de moutons. Drôle de casting.
Le leader Gédéon qui mène son peuple de victoire en victoire considérait qu’il faisait partir de la famille la plus insignifiante, dans la tribu la plus insignifiante et que lui-même était le moins impressionnant de ses frères. Pourtant Dieu fait appel à lui et à personne d’autre.
Jésus lui-même vient comme un homme humble, qui prend soin des faibles, qui mange avec les infréquentables quand tout le monde attendait un roi fort, militaire, puissant pour chasser l’envahisseur.
Tout se résume peut-être à ce qu’un ange dit au prophète Samuel qui ne comprend pas le choix de Dieu de faire David roi : l’Eternel n’a pas le même regard que l’homme. L’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Eternel regarde au cœur[1] »
Nous ne sommes que des humains. Bien incapables, malgré nos efforts de voir au cœur des gens, au cœur des choses et des évènements. Certains sont peut-être plus intuitifs, reconnaissent des signes, lisent les micro-expressions et les lapsus tels des mentalistes.
Il est toujours facile de regarder en arrière pour dire « les signes étaient là »
Mais au fond, notre capacité de compréhension et de prédiction reste assujettie à ce que nous pouvons voir.
Alors que retenir de ce qu’il se passe en ce moment ? Ne soyons pas trop prompts à juger des gens ou des évènements. Gardons à l’esprit qu’il y a bien plus derrière la surface de ce que nous pouvons voir, et que les autres pourraient bien nous surprendre en bien ou en mal.
Elise Lazarus - 1er mars 2022
[1] 1 Samuel