Elle est 82 ème joueuse mondiale de tennis et vient de perdre en final du tournoi de Lyon. Dayana Yastremska, 22 ans, s’est inclinée face à la chinoise Shuai Zhang, 3-6, 6-3, 6-4. Mais Dayan a touché le public lyonnais et gagne haut la main le cœur des internautes en ce début de semaine. Si je vous parle de cette sportive c’est parce que moi-même ce matin, en écoutant France info, je me suis retrouvé à pleurer dans ma voiture en écoutant son histoire.
Il y a 15 jours, la sportive est dans sa famille en Ukraine. Elle fête son prochain départ pour ce tournoi international en France. Elle devait s’envoler au petit matin. Mais là tout bascule. Ce sont des bruits de bombe qui la réveille. La Russie vient de lancer son offensive massive sur soin voisin de l’Ouest. L’aéroport est fermé. Dayana se retrouve avec les siens dans une cave pendant 48 h. "Nous ne comprenions pas ce qui se passait, dit-elle, ce n’était ni un film, ni un jeu vidéo, nous n’arrivions pas à réaliser". Ses parents lui disent qu’elle doit fuir avec sa sœur. Commence alors pour elles une très longue semaine à pied vers la Roumanie, en bateau sur le Danube, en voiture pour rejoindre Bucarest et enfin prendre un avion pour Lyon. Ensuite elle a pris sa raquette, car c’est ce qu’elle sait faire, jouer au tennis.
Après une semaine de folie entre le tournoi et les nouvelles du pays jusqu’à tard dans la nuit, elle arrive en final. Emue aux larmes, et ovationnée par tous les spectateurs, elle annonce faire don de sa prime de 14 000€ à une association humanitaire ukrainienne.
Cette histoire comme des milliers d’autres, notamment dans le contexte de la crise ukrainienne, nous rappelle la fragilité des choses. Nous construisons pendant des années, voire une vie entière, notre foyer, nos relations, nos loisirs. Et tout d’un coup tout s’effondre. Actuellement des millions de gens se retrouvent sur le chemin de l’exode avec quelques bagages pour survivre. Femmes, enfants et vieillards doivent reconstruire ailleurs, mais reconstruire quoi, où, avec qui, comment, et pour combien de temps ?
Ces situations nous rappellent que tout peut basculer et très vite. Une rupture, un divorce, un licenciement, le chômage, la dépression, un décès ou une longue maladie sont autant de choc qui peuvent impacter nos vies. A une autre échelle et avec des implications différentes nous vivons ces fragilités de l’existence de manière différente. Les situations de vies nous font basculer de la lumière à l’obscurité, de la joie à la peine, de la vie à la mort.
Alors comment construire, reconstruire malgré tout. En fin de compte, c’est cette dernière question qui est essentielle : Pourquoi reconstruire ? Finalement ces précarités de la vie nous permettent de revenir aux choses les plus fondamentales. Qu’est ce qui nous anime, nous motive ? Pour Dayana, ce sont les siens. Fuir l’Ukraine, pour sa jeune sœur, est une chose importante. Finalement pour sauver la vie avant toute chose. Voici ce qui peut, voire doit, tous nous animer en ce moment et en tout temps.
Dans le judaïsme, il existe toutes les nuances de pratiques religieuses, tout comme dans tous les courants religieux. Des plus rigoristes aux plus libéraux, des plus fondamentalistes au plus spiritualistes, la foi hébraïque est diverse et riche de contrastes. Il y a un point très intéressant dans les milieux les plus orthodoxes qui sont très attachés aux lois et rituels juifs qui rassemble tous ces croyants. C’est la sauvegarde de la vie. En effet, les règles de la torah (613 commandements), du talmud ou de la Mishna sont très souvent signes de rigueurs mais toutes ces règles dont la plus sainte « le respect du sabbat », peuvent être enfreintes pour sauver une vie.
Dans les temps troublés que nous vivons et avec l’incertitude des jours à venir voici une valeur biblique qui est plus que jamais d’actualité : Sauver la vie sous toutes ses formes, en tous lieux et pour toutes populations.
Philippe Penner - 9 mars 2022